jeudi 16 août 2012

Étape 09 - Motte de foin et impermanence

15/08/2012

7h45 - Je me réveille. Il a plu cette nuit. Je vois les gouttes d'eau sur l'extérieur de la toile de tente.


Méditation. Petit-déjeuner. Je me déleste de quelques centaines de grammes dans un coin du pré.
Le ciel est couvert. Il y a beaucoup de vent.



10h10 - 10h35 - Je pars. Mes objectifs pour la journée, dans le désordre : quelques courses d'appoint pour le déjeuner, arriver à Surgères et mettre en ligne le compte rendu de l'étape d'hier.
Le vent est fort. Le terrain est plat. Je suis en forme. Je fais attention à avancer sans forcer. C'est facile même avec le vent. Je me sens bien. Je suis content. Si, certains soirs, je finis la journée en me demandant ce que je peux bien faire à pédaler comme ça, le matin, je ne me pose pas la question.




10h35 - 10h45 - Darlais. J'ai du mal à trouver ma route. La dernière version des cartes IGN, simplifiée pour être moins chargée, est bien moins détaillées. L'ancienne version comportait toutes les voies et beaucoup plus de bâtiments. J'ai de temps en temps du mal à m'y retrouver avec la nouvelle version.
La rue que je pense être celle de mon itinéraire sur ma carte est indiquée en impasse dans la réalité.


Je tourne dix minutes dans les trois rues du bourg avant de me résigner à emprunter une route qui semble aller à peu prêt dans la bonne direction. Après environ un kilomètre de détour, je retrouve l'autre bout de la route que je voulais initialement emprunter. Elle est indiquée "voie privée". J'imagine que l'indication d'impasse est liée.

10h45 - 11h35 - Je continue à avancer facilement, dans le vent. Celui-ci est de temps en temps coupé quand je passe derrière un talus ou entre des champs de maïs.


Entre Mauvais et Bouillé-Courdault, j'emprunte une route en très mauvais état. Le bourg tient peut-être son nom de la qualité de sa chaussée. Je zigzague lentement entre les nids de poules qui constellent le bitume. Je me rappelle alors des routes de Madagascar.

Je longe maintenant le Canal de la Vieille Autise, de Courdault à Saint Sigismond. Je passe à côté de quelques pêcheurs en pensant à la réincarnation. Ils sont peut-être en train de pêcher leurs propres grand-mères. Et peut-être se retrouvera-t-elle dans leur assiette !






La dernière prière chantée au centre bouddhiste tournait en boucle dans ma tête depuis samedi. Je me rends compte qu'elle s'est enfin arrêtée. Elle a laissé la place à une chanson de Nirvana. On reste un peu dans le sujet. Je ne me rappelle même plus de l'air de la prière. C'était comment, déjà ? Ah non, si je m'en rappelle, elle va recommencer à tourner en boucle dans ma tête ! Trop tard, je l'ai retrouvée... Vite, une autre chanson ! Peu importe laquelle. La première qui me vient. La chanson du générique de Barbe Rouge ! Ça fonctionne, la prière s'en va.

11h35 - 11h50 - J'arrive à Saint Sigismond. Il y a des tables de pique-nique au bord du canal. Je m'y installe et allume mon téléphone. Si la connexion internet est bonne, je mettrai le blog à jour d'ici. Signal de mauvaise qualité. Je vais un peu plus loin dans le village. Pas mieux. Je repars en laissant mon téléphone allumé devant moi, avec la carte, sur ma sacoche de guidon. Ainsi, je peux à tout moment facilement voir la qualité du signal.


En passant devant l'église, je vois un superbe cheval. Il est grand et très musclé. Plus de de deux mètres en haut de ses oreilles. Très docile, il se laisse caressé et prend la pause pour la photo.

12h - 12h10 - Il commence à pleuvoir. De grosses gouttes éparses. Au Mazeau, je cherche un coin à l'abris avec un signal internet potable. Sans succès.


12h10 - 12h30 - Je passe par la Venise Verte. À partir de maintenant, je suis sur le même chemin qu'en 2009. Je me rappelle que nous avions fait notre pause déjeuner ici. Il y avait du monde. C'est une des attractions touristiques de la région. Bien qu'à plat, la traversée de la Venise Verte avait été fatigante. Nous étions très concentré pour éviter les nombreux touristes s'y déplaçant sans faire attention. Aujourd'hui, même si nous sommes le 15 août, c'est désert. La météo maussade, probablement.





Je sors de la Venise Verte en grimpant la première grosse côte, à Sainte Sabine. Seule véritable difficulté de la journée, jusqu'à présent.

12h50 - 14h10 - Pause ravitaillement et déjeuner à Arçais. Il pleut toujours un peu. Je me trouve un coin pique-nique. Je ne suis pas seul. Plusieurs familles sont présentes malgré la pluie. Il reste une table libre pour moi. Les arbres protègent bien de la plupart des gouttes. Le signal internet est faible. Je teste quand même avec l'ordinateur. Impossible de charger une seule page web correctement.


J'écoute les conversations et observe d'un œil amusé les personnes autour de moi. Je suis saisi par le contraste entre le calme vécu depuis que j'ai quitté la région parisienne et l'excitation qui règne ici. La présence des enfants y participe. Certains adultes aussi. Je partage le bonheur des plus petits qui s'amusent, simplement en les regardant jouer naturellement. Entendre les réactions et les préoccupations des plus grands me rappellent comment je voyais la vie, il y a encore quelques mois.

14h10 - 14h30 - Il ne pleut plus. Le ciel est toujours rempli de nuages. J'emprunte un itinéraire cyclable fléché jusqu'à Saint Hilaire la Palud. C'est un peu plus long et moins roulant que de passer par la rotge directe et en même temps tellement plus calme. Une partie du trajet se fait sur une piste protégée. Je me dis qu'il serait vraiment pratique d'avoir des itinéraires fléchés de ce type partout en France, entre chaque commune. Ça inciterait peut-être plus de monde à voyager à vélo.



14h30 - 14h45 - Saint-Hilaire-la-Palud. Je teste à nouveau la connexion internet. Pas terrible. Je vais passer dans une zone sans village presque jusqu'à Surgères. Je mettrai le blog à jour de là-bas.
J'appelle ma sœur pour prévenir de mon arrivée en fin d'après-midi.



14h45 - 15h10 - Deuxième côte de la journée, pour sortir de Saint-Hilaire-la-Palud. J'avais souvenir qu'elle était plus plus difficile.
Je suis à découvert quelques kilomètres. J'ai gros vent de côté. Je roule penché sur la droite, comme un voilier.
De nombreux arbres en bordure de champs et de canaux me protègent maintenant du vent. Les routes sont toujours aussi plates. J'avance vite et sans effort. Je profite du paysage, de la faune et de la flore.



J'arrive au panneau indiquant l'entrée en Charente Maritime. Je remarque que ce n'est plus le même qu'en 2009.




Les problèmes de tartre, c'est pour tout le monde, sauf les riverains de ce hameau.

15h10 - Je longe un champ de mottes de foin. Après une courte hésitation je décide de m'arrêter pour prendre une photo. Je cale mon vélo, fixe l'appareil au mini trépied, le règle et le pose sur la sacoche de guidon. J'enclenche le minuteur fixe de dix secondes. Je cours et grimpe tant bien que mal en rigolant sur une motte de foin qui commence à rouler sous mes efforts.


Je redescends de la motte de foin et me dirige vers l'appareil pour voir la photo.
Instant 0 : grosse rafale de vent, le guidon du vélo tourne sec, je vois l'appareil numérique chuter juste un peu trop loin de moi pour que je l'attrape au vol.
Instant 1 : l'APN heurte violemment le bitume. Il rebondit. Je pense alors très vite. Je ne pourrai plus ajouter de photos au blog si l'appareil est cassé. Son prix. Je viens tout juste de l'acheter, uniquement pour ce voyage. Je comptais le revendre "comme neuf" après. Je sens un brun de déception, tristesse et de colère poindre dans mon esprit.
Instant 2 : En attrapant l'appareil avant qu'il ne touche le sol une deuxième fois, je repense à ce que le bouddhisme m'a appris. En particulier à l'impermanence de toute chose. Immédiatement, les émotions qui arrivaient disparaissent et laissent place au calme et à la sérénité dans mon esprit.
Instant 3 : J'inspecte rapidement l'appareil. Il fonctionne encore. Un angle de la face arrière est enfoncé. Je me surprends à rigoler. Pas parce que l'appareil fonctionne encore. Parce qu'il y a tout juste quelques mois, voir cet angle enfoncé, je me serais mis pendant plusieurs jours dans un état mêlé de colère, de tristesse et de déception. Je suis à la fois amusé des réactions de la personne que j'étais et heureux de mon état d'esprit actuel.

15h10 - 16h10 - Troisième et dernière côte de la journée, en traversant la forêt de Benon. Je dépasse lentement un couple de cycliste. Je me laisse maintenant filé le long de la descente qui me fait sortir de la forêt.



Je me retrouve à nouveau sur du plat, à découvert. Je suis toujours en forme. J'avance toujours rapidement et facilement.


16h10 - 16h50 - Arrivé devant la boutique de mon père et fin de la deuxième partie de mon voyage. Il a pris quelques jours de congés. En descendant de vélo, je sens une légère douleur aux genoux. Première douleur de la journée ! Malgré mon activité physique, ça a l'air d'être en bonne voie de guérison.


J'appelle ma sœur. Elle vient me chercher avec ma mère chez qui elle est actuellement, à une vingtaine de kilomètres.
En les attendant, je m'étire et je mets enfin en ligne le compte-rendu de l'étape d'hier, grâce au wifi de la boutique.


16h50 - Ma mère, son compagnon et ma sœur arrivent juste au moment où j'en finis avec le blog. Je passe la soirée avec eux.

1h - Retour à Surgères et dodo chez mon père avec mon frère et ma sœur. Ils tiennent ensemble la boutique pendant les trois jours de congés de mon père. Je suis trop fatigué pour m'occuper du blog ce soir. Je remets ça à demain matin.

Les chiffres du jour :
57 kilomètres parcourus
3h24 de déplacement à vélo
17 km/h de moyenne
34 km/h maximum

PS : troisième et dernière partie du voyage à partir du 23 août. D'ici là, je vais peut-être faire l'aller-retour jusqu'à La Rochelle en tant qu'étape bonus.

3 commentaires:

  1. Yeah ! merci pour la date ^^
    Je repense à il y a 3 ans quand nous sommes arrivés devant le panneau de la Charente Maritime. Je me rappelle de la joie et de la fierté que j'avais ressenti :) Je suis toute aussi heureuse et fière en te lisant !
    Bon bah moi j'arriverai en début de soirée.
    Et oui, compte sur moi pour l'aller-retour pour La Rochelle (mais euh peut-être pas avec une moyenne de 17 km/h hein)

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  2. Je comprends enfin le coin enfoncé de ton appareil photo ! (Non, j'avais pas de lecture en retard !) C'est bête mais cette anecdote me donne encore plus envie de me mettre au bouddhisme...

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    1. Non, ce n'est pas "bête" car c'était exactement mon intention en créant ce blog il y a 3 ans :P

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